Anaïs Allard

L’importance DU SOMMEIL DU CHIEN EN DOULEURS CHRONIQUES

Article - Besoins fondamentaux

Pourquoi le sommeil est important chez le chien en douleurs chroniques !

Ecrit par Anaïs Allard – le 26 décembre 2024

chien dort sommeil corbeille panier

Le sommeil chez le chien (douloureux ou non)

Le sommeil est une des activités quotidiennes de nos chiens domestiques. Il entre dans la catégorie “repos/inactivité” et compose environ 54% du budget-temps de nos chiens et nos chiennes. Ce budget temps se calcule sur 24h soit un tour de l’horloge circadienne régissant les leurs activités.

Votre chien ou votre chienne devrait donc se reposer environs 13h par jour.

Ou en tous cas ne rien faire, on ne se limite pas qu’au sommeil dans ce décompte
mais bien à toutes les périodes de repos et donc d’inactivité.

Un peu de nuance car malgré tout « ça dépend »

Certains paramètres vont cependant faire varier ce temps de repos vers le plus ou le moins :

  • L’âge : un chiot et un chien âgé dorment davantage.
  • La température, le climat et donc la saison.
  • Sa condition physique, la santé et les douleurs.
  • L’emplacement et le confort de son couchage.
  • Le sentiment de sécurité.
  • Les stimulations de l’environnement.
  • L’activité physique et/ou l’ennuie.

Mais pour tous, le sommeil sera polyphasique.
La nuit entre 6h et 10h et en journée par siestes régulières entre les périodes actives.

Pourquoi évaluer la qualité de sommeil chez nos chien douloureux ou non ?

Lors d’un bilan comportemental, on évalue systématiquement le sommeil chez vos chiens et de vos chiennes : sa quantité, sa qualité et sa régularité.

En effet, sa privation ou sa dégradation en qualité est un des facteurs qui impacte négativement :

Le questionnaire SNORE

Un outil d’évaluation est à disposition de tous pour évaluer le sommeil chez le chien, c’est le questionnaire validé scientifiquement : le SNORE. Celui-ci permet d’établir un score concernant les troubles du sommeil, notamment lors de douleurs chroniques.

SOMMEIL ET DOULEURS CHRONIQUES,
UNE RELATION RECIPROQUE

La relation entre les troubles du sommeil et la douleur est mal connue en médecine vétérinaire. De nouvelles études chez l’homme et les animaux de laboratoire montrent qu’une relation réciproque existe bel et bien. Plus précisément, la littérature suggère que l’effet temporel de la privation de sommeil sur la douleur pourrait être plus fort que celui de la douleur sur le sommeil (Camps et al., 2019).

sommeil et douleurs chroniques

La mélatonine

La douleur est associée à un sommeil perturbé en raison de son action sur la mélatonine. Cette hormone neuro-active agit sur la capacité d’endormissement et sur la capacité à rester endormi en stabilisant le sommeil. C’est également un analgésique. Sa diminution à cause de la douleur et de la perturbation du sommeil associé enclenche donc un cercle vicieux : l’expérience de la douleur devient plus intense. La mélatonine permet également les échanges entres les différentes aires du cerveau impliquées dans les comportements agressifs : le PFC et l’amygdale (circuit perception/action) créant une instabilité dans le fonctionnement global (Camps et al., 2019). Elle influence le processus émotionnel, la prise de décision et l’apparition de comportements dits “indésirables” mais surtout non appropriés et non proportionnels. 

En résumé…

 

Manque de sommeil et stress

La réponse physiologique à un manque de sommeil est l’augmentation de l’activité du système sympathique (HPA axis) : augmentation du rythme cardiaque, de la pression sanguine, de l’activité respiratoire et du niveau d’activité cognitif afin de pouvoir faire face aux tâches demandées. Un haut niveau d’énergie va donc compenser le manque de sommeil. La douleur mène à un sommeil perturbé qui mène donc à un haut niveau d’énergie/d’éveil diminuant la facilité d’endormissement. D’autre part, le stress et l’anxiété provoquent des changements de composition dans le microbiome intestinal induisant des troubles dans la qualité du sommeil menant, comme vu précédemment, à une résilience et une capacité à faire face à son environnement plus pauvre. Le principe de cercle vicieux est très présent dans ces processus.

SOMMEIL, DOULEURS CHRONIQUES ET MEMOIRE

La consolidation des acquis se fait durant le sommeil profond. 

Le sommeil aura également un impact direct sur la douleur car cela permet de consolider les souvenirs liés a la douleur créés entre deux temps de repos : les causes, les signes annonciateurs, les conséquences et les enseignements à en tirer pour l’éviter ou l’enrayer. Un manque de sommeil reculera cette consolidation et entraînera une plus grande quantité de souvenirs accumulés à utiliser pour consolider un apprentissage. 

On aura donc une plus grande variabilité dans les expériences et, potentiellement, un plus grand risque d’associations négatives. On en revient à la règle d’or du « peu mais bien » de tous types d’apprentissages. 

Sans un sommeil de qualité, il n’est pas possible de mettre en oeuvre ce principe malgré la mise en place d’un plan d’entraînement ou de désensibilisation/habituation mesuré et qualitatif. 

On retrouve également ce paramètre dans les associations : anxiété/douleur ou catastrophisme/douleur. 

En résumé…

 

SOMMEIL ET Nettoyage du corps

Enfin, le nettoyage du métabolisme, qui s’effectue lors du sommeil, est également essentiel au bon fonctionnement des neurotransmetteurs monoamines tels que la sérotonine. Il influence également la consolidation du système immunitaire et la cognition. Autant de facteurs en jeu dans la douleur. Le second facteur le plus répandu de douleur recensé dans l’étude de Mills & al. (2020) sont les troubles digestifs. Or, on sait maintenant qu’une altération du microbiote influence également la qualité du système immunitaire…

En conclusion

Le manque de sommeil chez le chien est un cercle vicieux,
d’autant plus chez le chien douloureux.

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